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Philosophie à vivre

avec Gaston Bachelard

LA CONSCIENCE DE LA RENCONTRE

Un être existe par le Monde, qui vous est inconnu et, soudain, en une seule rencontre, avant de le connaître, vous le reconnaissez. Dans la nuit un dialogue s'engage, un dialogue qui, par un certain ton, engage à fond les personnes : "C'est toi, Michel?" et la voix répond: "C'est toi Jeanne?" Aucun n'a besoin de répondre : "Oui, c'est moi". Car le moi interrogé, s'il transcendait l'interrogation, s'il dérogeait à la grâce infinie de la rencontre, tomberait dans le monologue ou dans la confession, dans ce qui vante ou dans ce qui regrette, dans le plat récit des désirs et des peines. Il dirait ce qu'il était avant de dire ce qu'il est ; il dirait ce qu'il est avant de dire ce que, par la rencontre, il est devenu. L'Instant de la Personne humaine en serait tout alangui, tout amolli, tout amorti, privé entièrement de ce vecteur d'avenir que la sympathie vient de lancer. ...

Or, le temps des personnes est infiniment rare et vide au regard du temps des choses. Nous vivons endormis dans un Monde en sommeil. Mais qu'un tu murmure à notre oreille, et c'est la saccade qui lance les personnes : le moi s'éveille par la grâce du toi. L'efficacité spirituelle de deux consciences simultanées, réunies dans la conscience de leur rencontre, échappe soudain à la causalité visqueuse et continue des choses. La rencontre nous crée : nous n'étions rien - ou rien que des choses - avant d'être réunis. ...

Jadis, en brisant les aimants, on cherchait à isoler le magnétisme nord et le magnétisme sud. On espérait avoir deux principes différents d'attraction. Mais à chaque brisure, si subit, si hypocrite que fût le choc, on retrouvait, dans chacun des morceaux brisés, les deux pôles inséparables. De même, une méthode d'introspection cherchera, par la solitude, à briser quelques liens sociaux, imaginant qu'un jour, en acceptant les trahisons avec ironie ou avec courage, nous pourrons nous voir nous-mêmes, face à face avec nous-mêmes. Vain espoir : un lien rompu est presque toujours un lien idéalisé. Comme l'a dit Fichte, l'homme n'est un homme que parmi les hommes. L'amour du prochain est notre destin intime. Et si certaines âmes trouvent la vie dans une contemplation solitaire, c'est qu'elles ont fait une plus grande rencontre, c'est qu'elles sont le pôle d'un plus grand attrait....

En vain on prétendra se placer au centre des choses, surprendre l'état d'âme d'un paysage, il manquera à cet animisme une confirmation que, seule, la compagnie d'un tu peut apporter. Et c'est ici qu'intervient la catégorie buberienne la plus précieuse : la réciprocité. Cette réciprocité, on ne la trouve jamais sur l'axe du je-cela. Elle n'apparaît vraiment que sur l'axe où oscille, où vibre, le je-tu. Alors, oui, l'être rencontré se soucie de moi comme je me soucie de lui ; il espère en moi comme j'espère en lui. Je le crée en tant que personne dans le temps même où il me crée en tant que personne. Comme le dit souvent Martin Buber, dans le dialogue seul, l'existence se révèle comme ayant "un autre côté". Le noumène, qui se perdait, devant les choses, dans l'indéfini d'une méditation ouverte, s'enrichit en s'enfermant tout-à-coup dans un autre esprit. Le noumène le plus clair est ainsi la méditation d'un esprit par un autre esprit et les âmes, dans un commun regard, sont plus proches, plus convergentes que les prunelles !...

Un monologue peut être long et disert, il exprime moins d'âme que le dialogue le plus naïf. Si étouffé, si mal balbutié que soit le dialogue, il porte la double marque du donné et du reçu, ou tout au moins, comme un prélude, la double tonalité de l'aspiration et l'inspiration des âmes...Encore une fois, notre substance spirituelle n'est en nous que si elle peut aller en dehors de nous. Elle ne peut aller en dehors de nous, vaguement, comme une odeur ou un rayonnement. Il faut qu'elle s'offre à quelqu'un, qu'elle parle à un tu. ...

Gaston BACHELARD 1969

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